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LA CRONICA MUNDI
affirmons que les causes des rois doivent être soumises à
César ; que tous sont tenus d’obéir à l'empereur pour le salut
commun, de venir à la guerre quand ils y sont appelés, de
contribuer aux dépenses, d’envoyer des secours, de livrer le
passage, de fournir des provisions, de ne se dérober à rien
de ce que leur enjoint la majesté impériale ; enfin de témoi-
gner à leur maître, l'Empereur, la même obéissance qu'ils
exigent de leurs sujets. « Ce sont bien là, soutenues par Sche-
del avec un absolutisme tout germanique, les théories que
Charles-Quint essayera quelques années plus tard de faire
passer dans la pratique. Et c’est à la fin du règne de l’inca-
pable et faible Frédéric III que l’auteur attribue aux empe-
reurs une si exorbitante autorité !
De ces hautes considérations politiques, Schedel passe
sans effort à la narration de ces prodiges qui tiennent une si
large place dans la Cronica. Celui-ci ne manque d’une assez
piquante originalité et donne une idée fort exacte de la
piété superstitieuse de l’époque : « Il arriva au temps de
l'empereur Henri II une chose merveilleuse, inouïe jusque là.
Dans une ville de Saxe du diocèse de Magdebourg où était
l’église d’un saint renommé, un prêtre célébrait la messe,
Dans le cimetière de l’église dix-huit hommes et quinze
femmes, dansant et chantant à haute voix, troublaient la
célébration de l'office. Le prêtre les invite à se taire ou à se
retirer ; ils se moquent de ses paroles et ne veulent cesser.
Alors le prêtre irrité lance contre eux cette imprécation :
Plaise à Dieu et au grand saint que vous demeuriez ainsi
hantant et dansant pendant toute l’année ! Et il en fut ainsi :
pendant l’année entière, sans aucun répit ils chantèrent et
dansèrent. Chose étonnante à dire, pendant tout ce temps,
aucune pluie ne tomba sur eux, mais ni la lassitude ni la
faim ne les accablèrent et leurs vêtements et leurs chaussures
ae s'usèrent pas pendant tout ce temps. L'année révolue,
l’archevêque Horebertus, dans le diocèse duquel ce miracle
arriva, les délia de la chaîne dont le prêtre les avait liés et
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2
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À
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