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LA CRONICA MUNDI
Quoi qu’il en soit, le succès fut éclatant. Nous avons vu
qu’Anthony et Hans Koberger établirent en plusieurs endroits
des magasins spéciaux pour la vente exclusive de la Cronica.
Grâce aux autres débouchés de l’importante maison de
librairie, l’œuvre commune de Hartmann Schedel et de ses
deux illustrateurs se répandit à travers toute l’Europe, de
Toulouse et de Lyon jusqu'à Dantzig et Cracovie. Nous pos-
sédons un précieux document de 1509, qui constate en
termes très précis ce rayonnement du succès de la Chronique
et le chiffre considérable des bénéfices. C’est la répartition
soit des exemplaires restants, soit des sommes à percevoir,
entre Sebald Schreyer et les héritiers de Kammermeister
d’une part et de l’autre, Michel Wolgemut et les héritiers de
Wilhelm Pleydenwurff, Helena sa veuve, remariée, et Mag-
lalena sa fille (1).
Parmi les créances tirées au sort, on voit désignées,
somme échéant à Schreyer et aux héritiers Kammermeister,
des sommes dues par des dépositaires de Paris, de Gratz,
l’Ofen, de Prague, de Strasbourg (sans parler de Nuremberg,
ou des villes voisines), le tout montant à 621 florins rhénans
3n or, 12 shellings, 7 liards. En outre le sort leur attribue
in certain nombre d’exemplaires latins ou allemands colo-
riés ou non coloriés, envoyés à Milan et à Côme, qui n’ont
pas encore été l’objet d’un règlement de compte.
Michel Wolgemut et les héritiers de Pleydenwurff reçoi-
vent, entre autres sommes, seize florins dix shellings pour
un exemplaire latin et deux allemands non coloriés et non
reliés, ainsi que six exemplaires latins non coloriés et reliés,
outre des créances sur des correspondants de Vienne, Passau,
Bâle, Lubeck, Ingolstadt, Dantzig, Francfort, et bon nombre
d’exemplaires encore invendus. envoyés à Breslau, à Posen.
{1) Il n’est question dans cet acte ni des Koberger ni de Hartman Schedel,
ni du traducteur allemand Georg Alt, les frais de la Chronique ayant été
liquidés longtemps auparavant.