Full text: Étude sur la Chronique de Nuremberg de Hartmann Schedel

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LA CRONICA MUNDI 
racontée avec l’inexactitude dont l’auteur nous offre de si 
fréquents exemples ; au lieu de la placer à Ancyre, il lui 
donne pour théâtre l’Arménie ; cependant la cage de fer n’est 
pas oubliée ; Tamerlan y promène, à travers toute l’Asie, son 
captif, admirandum humanarum rerum spectaculum. Conti- 
nuant ses conquêtes et suivant un bizarre itinéraire, le vain- 
queur « parcourt toute l’Asie, depuis le fleuve Tanaïs jusqu’à 
l'Egypte, prend d’assaut, pille et incendie Smyrne, Antioche, 
Sébaste, Tripoli, Damas et beaucoup d’autres villes très 
fortes. Lorsqu’il assiégeait une ville, il campait, le premier 
jour sous une tente blanche, le second sous une rouge, le 
troisième sous une noire ; ceux qui se rendaient à lui sous la 
tente blanche obtenaient la vie sauve ; la tente rouge était un 
signal de mort ; la tente noire annonçait la destruction de la 
ville qui devait être réduite en cendres. On raconte que les 
habitants d’une ville ne s’étant pas rendus dès le premier 
jour, les garçons et les jeunes filles, revêtus de blancs habits 
et portant des rameaux d’olivier, sortirent de la place pour 
essayer de fléchir la colère du vainqueur; il les fit tous fou- 
ler aux pieds et écraser par sa cavalerie et mit le feu à la 
ville prise. » Un génois, qui était son familier, lui ayant 
demandé pourquoi il se montrait si cruel, Tamerlan, le 
visage tordu par la colère et les yeux respirant le sang, lui 
répondit : « Tu crois que je suis un homme ; tu te trompes. Je 
suis la colère de Dieu et la dévastation de l’Univers ; aie bien 
soin de ne jamais te présenter devant moi. » Et, après cette 
sinistre réponse du nouvel Attila, Schedel ajoute ce trait 
bizarre : « Ceux qui l’ont vu disaient qu’il ressemblait à Anni- 
bal. » Il sait d’ailleurs que la discorde éclata entre les fils du 
conquérant et que son empire ne lui survécut pas. 
La terrible guerre des Hussites inspire à Schedel des 
accents de colère indignée, qui ne laissent pas de surprendre 
de la part d’un écrivain précédant la Réforme d’une ving- 
taine d'années seulement. Il applaudit au supplice de Jean 
EHuss et de Jérôme de Prague : « les princes du grand Concile
	        
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