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LA CRONICA MUNDI
299 feuillets pour le texte et les gravures de la Chronique,
répartie en six âges que nous examinerons successivement (1).
PREMIER AGE
Deux opinions ont cours sur la création du monde et l’ori-
gine de l’homme : les uns pensent que le monde est inné et
incorruptible et que le genre humain a existé de toute éter-
nité ; les autres soutiennent que le monde est créé et corrup-
tible et que les hommes ont reçu la naissance à une époque
déterminée.
Laissant de côté les erreurs de l'antiquité profane, l’auteur
suivra le récit de Moïse : Nam Moyses propheta ac historicorum
pater deo plenus : ac celesti dictante spiritu totius magistro veri-
tatis excepit hec oïa. Il est superflu de se demander si Dieu a
fait une œuvre si grande et si merveilleuse : omnia fecit ex
nihilo. Et au verso suivant, dans un bois qui occupe toute la
page, Dieu le Père portant la couronne impériale, d’où
s'échappent de longues boucles, tenant en main le globe du
monde, trône, assis en une large stalle richement sculptée ;
il est vêtu d’une robe flottante et d’un manteau à larges plis ;
deux doigts de la main droite s’étendent en un geste créateur.
Tout autour de la figure divine, un cercle de nuages, dans
lequel s’envolent des banderoles avec une légende de la
Genèse. En haut un fouillis de branchages où se jouent
des enfants nus. Au bas, deux figures de sauvages tenant
des écus vides.
L'œuvre de la création commence : Dieu sépare la lumière
des ténèbres, évoque du néant le firmament, les eaux et la
terre, les animaux vivants et enfin, le sixième jour, fait
naître l'homme. Chacune des phases de la création est magni-
âquement commentée par une grande image circulaire, au-
(1) Nous prenons, comme base de notré étude, l’édition latine avec les
figures coloriées.