LA CRONICA MUNDI
19
maître de Durer, ne peuvent être attribuées à une autre
main que la sienne. Les figures se recommandent par une
puissante expression d’ampleur et de gravité, leur simplicité
grandiose accuse un idéal supérieur peut-être à celui des
autres représentants de l’école nurembergeoise; les drape-
ries, trop prodiguées et un peu lourdes d’aspect, sont dis-
posées avec une certaine noblesse qui rehausse la dignité
des personnages.
Le succès du Schatzbehalter détermina sans doute l’entre-
prise d’une publication de plus haute importance qui devait
devenir célèbre sous le nom de Cronica Mundi. Deux patri-
siens de Nuremberg, Sebald Schreyer et Sébastien Kammer-
meister, conclurent, le 29 décembre de cette année 1491, avec
Michel Wolgemut et son beau-fils Guillaume Pleydenwurff, un
traité relatif à l’illustration d’un volumineux ouvrage, qui ne
devait être rien moins que l’histoire du monde depuis la créa-
tion jusqu’à la fin du xve siècle. La rédaction de cet immense
travail fut confiée à un homme que ses études approfondies
et son goût pour les choses de l’art semblaient désigner pour
un si rude labeur. Hartmann Schedel occupait alors une des
premières places dans ce cénacle d’humanistes qui siégeait au
sein de la vieille cité impériale. Nous empruntons à
M. Thausing (1) les quelques pages qu’il consacre au savant
docteur : « Né à Nuremberg (1440) et mort également à
Nuremberg (1514), après avoir enseigné les arts libéraux à
Leipzig, il s’était rendu à Padoue en 1463 pour y apprendre
la médecine. I] y séjourna précisément à l’époque où Andrea
Mantegna, encouragé par ses savants amis de l’université,
développait ce système dans lequel il combinait les principes
(1) Albert Durer, sa vie et ses œuvres, traduction de M. Gustave Gruyer,
pp. 147-149.