192
LA CRONICA MUNDI
exemplaires de son Mugo et trois cents de la Tabula. Non
moins importante était la foire de Lyon qui desservait toute
une partie de l’Europe. La vieille métropole française mettait
alors en circulation plus de livres que toute autre ville euro-
péenne, excepté Venise. On note trois cents exemplaires des
de et 6° volumes du Hugo vendus à Lyon en deux ans, ainsi
que cent cinquante Saint-Augustin et autant de Concor-
dances. Enfin les deux foires, qui se tenaient au faubourg
Saint-Germain et entre Paris et Saint-Denis, étaient encore
l’occasion d’importantes transactions.
Non contents de ces ventes régulières, les Koberger, se
conformant ainsi aux usages de l’époque, organisaient des
voyages dans les directions les plus diverses. Leurs commis
ambulants s’établissaient temporairement dans quelques
auberges avec un stock de livres dont ils distribuaient l’allé-
chant prospectus qui commençait par ces mots : Cupiêtes emere
libros infra notatos venient ad hospicium subnotatumvenditorem
habituri largissimum. Et après cette invitation séduisante (1),
Koberger expose que le désir de la gloire est naturel à tous
les hommes, mais qu’il est diverses routes pour arriver à une
renommée durable. Les uns, comme Platon et Aristote, ont
choisi la philosophie ; les autres comme Sénèque, la morale ;
d’autres comme Homère et Virgile, la poésie; d’autres encore,
l'éloquence comme Démosthène et Cicéron, ou la législation,
comme Lycurgue, Solon, Trajan et Justinien. Mais l’étude
qui l'emporte sur toutes les autres est celle des livres sacrés :
Si Christum scis (ait mellifluus doctor) satis est et si cetera nescis.
Puis vient à l’appui une analyse rapide de la Somme du
divin maître Antoninus, divisée en quatre parties que
Koberger recommande chaudement aux acquéreurs ; tout
homme qui a souci de son salut doit avoir chez lui l’ouvrage
du savant docteur. Cette très curieuse annonce est suivie
(1) M. Hase donne le fac-simile de ce curieux prospectus.