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LA CRONICA MUNDI
de larges portes, leurs amas de maisons denses et serrées
s’étageant en une perspective montante et à vol d’oiseau,
vivantes accumulations de pierres amoncelées, entassées,
pressées, donnant bien l’idée de ces populeuses cités du
Moyen-Age, aux rues étroites, aux habitations débordant les
unes sur les autres, étouffées dans leur périmètre trop étroit,
proies des longues et fréquentes épidémies. Vues assez fan-
laisistes d’ailleurs et qui ne se piquent point de fidélité,
puisque souvent, ici comme pour les personnages, le même
bois est répété sans autre modification que le changement du
nom de la ville.
Toutefois certaines images ont quelque prétention à une
exactitude relative : on peut à la rigueur reconnaître le
palais des Doges à Venise, la flèche (?) de Strasbourg, sainte
Sophie de Constantinople, l’aspect général de Gênes, quelques
monuments de Rome (1) dont le château St-Ange, la colonne
Antonine, et la Porte du Peuple. Comme de raison, la vue de
Nuremberg est la plus importante et la plus amoureusement
soignée.du volume. Elle remplit tout le verso du feuillet 99
et tout le recto du feuillet 100. Dans le haut, une bande aux
lons bleus dégradés, occupant toute la largeur des deux
pages et figurant l’horizon ; au-dessous, un grand espace
blanc, en guise d’atmosphère, dans lequel se profilent les
hautes pointes des clochers, parmi lesquels ceux de Si-Sebald
et de St-Laurent, désignés expressément par leurs noms. Au-
dessous de ces hauts monuments, les innombrables toits
(1) Cette vue de Rome, d’après M. Lippmann, se référant au grand ouvrage
de de Rossi, serait faite d’après un grand dessin dont on ne connaît qu’une
copie à la tempera, conservée au musée de Mantoue. Danscette copie le pont
du château Saint-Ange est orné des statues de saint Pierre et de saint Paul qu'
y furent placées en 1534. Dans la Chronique de Schedel, à la place des deux
statues, on voit deux petites tours à créneaux, qui figurent également dans
la vue de Rome du Supplementum chronicorum de 1490. M. Lippmannajoute :
les vues de la Chronique et du Supplementum contiennent la même portion
de la ville et sont prises du même point de vue ; il paraît certain qu’elles
ont eu un modèle commun.