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LA CRONICA MUNDI
tout preter persecutionem ecclesie. » Ici encore, malgré son
profond respect pour le saint empire romain, Schedel se
garde bien de rien dire de contraire aux droits sacrés de
l’Église. Et même, en général, dans la longue querelle du
Sacerdoce et de l'Empire, il semble prendre parti pour le
Saint-Siège. Cette orthodoxie, à la veille de la Réforme,
mérite d’être notée. Toutefois il hésite à se prononcer entre
«es Guelfes et les Gibelins et il dispense le blâme aux deux
factions avec une scrupuleuse impartialité : « les noms
funestes de Guelfes et de Gibelins naquirent pour la ruine de
toute l'Italie : on vit le fils en lutte avec le père, le frère avec
le frère... Ces appellations infestèrent bientôt toute l’Italie
excepté la seule ville de Venise et avec une telle rage que,
pendant deux cent cinquante ans et plus jusqu’à notre époque
même, elles ont servi de prétexte aux crimes les plus affreux.
Les Italiens se sont fait à eux-mêmes plus de maux qu’ils
n’en avaient éprouvé de la part des barbares... »
Schedel, qui ne manque pas d’enregistrer la fondation des
aombreux ordresreligieux se succédant pendant toutle Moyen-
Age (et les illustrateurs ont soin de tracer des couvents de
chacun d’eux d’assez fantaisistes images qui leur donnent
souvent l’aspect de redoutables forteresses), Schedel parle
avec quelques détails de la création des puissantes congréga-
tions de saint Dominique et de saint François. « Dominique,
espagnol, fut un homme grandement orné de sainteté et de
savoir, chef et père illustre des prédicateurs, et il brilla en
ce temps-là comme un astre national de la religion chré-
lienne…. Il fut admirable censeur des vices, implacable
adversaire des hérésies, conseiller très zélé des fidèles.
Et comme l’'hérésie avait pullulé dans les villes des Gaules,
Toulouse et Albi, et commençait àse répandre au large et au
loin, le bienheureux Dominique, qui commençait à être connu,
Se transporta en ces lieux pour l’extirper. Le pontife Innocent
et le roi de France lui donnèrent pour auxiliaire Simon de
Montfort... Enfin en l’an. 1223 du salut aux nones d’août,