A
LA CRONICA MUNDI
nominatissima celeberrimaque. Emporium germanie amplissi-
mum : magnificis operibus publicis et privatis ornata. On
célèbre ses hautes tours, les doubles murailles qui la défen-
dent, ses grandes portes, ses places publiques, ses fontaines
« jettantz l’eaue par des canaux de boys », les ponts de
pierre qui la traversent (1). Deux magnifiques églises, la mas-
sive Saint-Sebald et l’élégante Saint-Laurent, règnent dans les
deux quartiers de la ville. Près de cent mille habitants se
pressent dans l’enceinte. Le commerce et l’industrie fleu-
rissent : « Tout le cômerce populaire ce sont ouvriers fort
ingénieux, ou volontiers marchâtz tresprudentz, inventeurs
et maistres de subtils ouvrages, lesquelz seruêt grandemêt
aux hommes (2). » Heureusement située à mi-chemin de
l'Allemagne du Nord et de l’Italie, elle était le centre des
relations commerciales et artistiques entre les deux contrées.
Nulle cité du Nord n’a de plus fréquents rapports avec
Venise.
Nuremberg s’administre à l’aide d’un Petit Conseil et d’un
Grand Conseil composés des principaux citoyens de la ville,
la plupart appartenant à des familles dans lesquelles le
maniement des affaires publiques était héréditaire. La sagesse
de ce gouvernement excite l'admiration des étrangers
mêmes, au point qu’un ambassadeur vénitien, Alvise Moce-
nigo, après avoir constaté que Nuremberg est régi par vingt-
huit familles nobles au plus, ajoute : « Cette ville a la
réputation de se mieux gouverner que toute autre cité alle-
mande. Aussi l’appelle-t-on souvent la Venise de l’Allemagne. »
Christophe Scheurl, dans son Libellus de laudibus Germaniæ,
avait déjà fait la même remarque : Unde etiam civitati
() La Cosmographie universelle de Sébastien Münster, 1556. Notons que
pour ce qui concerne Nuremberg et beaucoup d’autres villes, l’auteur de la
Cosmographie se contente assez souvent de traduire littéralement la CRONICA
MUNDI.
(2) Cosmographie universelle.