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LA CRONICA MUNDI
Apotheca herbarum, Apotheca specierum, sans oublier les
Stercoraria : l'étage le plus élevé est réservé à l’habitation
des hommes et des animaux apprivoisés. D’abord et autour
de l'arche, quelques figures d’hommes et de femmes occupés
aux derniers préparatifs. On voit déja, par une naïve antici-
pation, au-dessus de l’arche, la colombe portant dans son bec
le rameau d’olivier. Au-dessous de l’arche, tout au premier
plan, sous les ordres de Noë, les ouvriers, armés de haches,
travaillent le bois : ces personnages, vêtus à la mode de la
fin du xve siècle, sont vivement dessinés, d’un assez beau
caractère. L’arc-en-ciel, signe du traité entre Dieu et les
hommes, « quoiqu’on lui donne généralement six ou quatre
couleurs, n’a ici que deux couleurs principales représentant
les deux jugements : la couleur aqueuse indique le jugement
passé qui n’est plus à craindre ; la couleur ignée annonce la
certitude du futur jugement parle feu ». Les fils de Noé peu-
plent le monde ; la diversité des langues commence. Des
monstres de toute espèce naissent sur la surface du globe et,
ramassant en sa science indigeste toutes les fables de l’anti-
quité greco-latine, Schedel se complaiît à décrire ces êtres
difformes, dont Wolgemut et Pleydenwurff répandent les
portraits fidèles sur les deux côtés de la page. Ici ce sont des
hommes n’ayant qu’un large pied, si agiles qu’ils suivent à la
course les bêtes sauvages; là, d’autres ont de si grandes oreilles
qu’elles couvrent le corps tout entier ; ailleurs des femmes
ont une tête plate sans cheveux, mais par compensation une
barbe descendant jusqu’à la poitrine; les satyres et les cen-
‘aures, qui sont appelés hippopèdes, ne sont pas oubliés. Et
que d'êtres plus monstrueux encore ! hommes à six bras ou
à cou de girafe, ou sans tête, les traits du visage étant figurés
sur la poitrine, ou avec une bouche dont la lèvre inférieure
tombe jusqu’au ventre. Après ces hideuses fictions, recueillies
au hasard dans les auteurs anciens, s’étend, sur deux pages,
une large mappemonde, entourée de têtes joufflues repré-
sentant les vents. Trois coins sont occupés par les figures